Je me suis toujours
posé la question de savoir ce qu’on pouvait bien ressentir quand on aimait
quelqu’un. C’est vrai qu’on aime ses parents, mais moi je me demandais si l’on
pouvait aimer quelqu’un d’un amour équivalent à celui de ses parents. J’étais
loin de me douter de ce qui m’attendant au carrefour de la destinée. Non
seulement j’ai découvert ce qu’était l’Amour, mais j’ai aussi découvert
l’injustice, le mépris, la rancœur et le mal être.
Pourquoi ? Me demanderez-vous ? Pourquoi avoir
découvert tous ses sentiments contradictoires à l’Amour et que je n’aurai pas
dû ressentir si j’avais trouvé l’Amour. Eh bien, pour la simple et bonne raison
que je suis tombé amoureux de quelqu’un comme moi. Dis comme cela, ça ne parait
avoir l’air de rien, mais cela signifie beaucoup.
Bien souvent, on ne pense pas que certaines choses puissent
nous arriver et même on lutte corps et âme pour ne pas avoir à être confronté à
elles, tout en sachant au plus profond de soi-même que c’est impossible, que
c’est l’avenir auquel on est promu. Depuis mon enfance, j’ai fait tout ce qui
était humainement possible pour fuir cette chose, cette attirance, ce sentiment
que je savais pourtant encrer si profondément en moi au point où essayer de le
refouler me déchirerait les entrailles. Mais voilà, je me mentais à moi-même
jusqu’à ce jour là où je l’ai rencontré.
On entend bien souvent dans les films et autres fictions une
phrase que la plupart du temps on prend pour un délire voire une connerie, mais
je peux garantir que c’est ce que j’ai ressenti à cet instant là, parce que dès
l’instant où j’ai posé les yeux sur lui et qu’il a levé les yeux vers moi, j’ai
su que c’était mon destin, mon identité, ma vie qui commençait.
Dire que je suis tombé amoureux de lui serait une vérité
absolue et un pléonasme avéré, car je l’avoue à cet instant là je suis
réellement tombé. Tomber dans une spirale profonde, mais savoureuse et pleine
de couleurs, un monde auquel j’avais jusque là refusé d’appartenir. Cependant
ma longue descente dans cette spirale d’émotions me mit face à ma plus grande
crainte, celle que j’appréhendais depuis toujours.
Vous savez, ce n’est jamais facile de réaliser que l’on
s’est mentit à soi-même, on crie, on pleure, on lutte et cogne de toutes ses
forces pour repousser la réalité, trouver une explication logique qu’on
s’efforcera de prendre pour vérité. Mais, je savais que ce serait un leurre,
car tout mon être, toutes les cellules de mon corps et le moindre morceau de
mon âme poussait l’homme que j’étais vers l’homme que lui était.
La plupart des gens ne comprennent pas comment deux
personnes de même sexe peuvent s’aimer, ils trouvent cela répugnant, contre
nature et blasphématoire pour certains ; mais à mon humble avis et je suis
sûr que tout le monde s’accorderait avec moi s’il n’y avait pas tous ses à
priori, c’est qu’il s’agit d’Amour entre deux personnes qui ressentent le
besoin viscéral de partager ce qu’ils ont de meilleur et de beau en eux et
entre eux. Il s’agit juste d’une question d’Amour entre deux personnes plutôt
que tout autre chose.
Malgré toute cette beauté, je dois avouer que ce n’est pas
une chose aisée que d’être Gay. On doit tout le temps être confronté à ses
amis, à sa famille et tout le reste de son entourage immédiat. Se voir juger
par de parfaits inconnus et même souvent par ses proches, s’entendre traité de
tous les noms et dire qu’on se verra damné pour l’éternité parce que Dieu
n’approuve pas la vie que l’on mène. Il y aura des moments où on sera rejetés
par bon nombre de personnes que l’on affectionne et avec qui on a partagé
d’importants moments de nos vies. Toutefois, il y aura aussi toujours des
personnes qui nous comprendront et qui resteront présent pour nous parce
qu’elles nous aiment et nous acceptent tel que Dieu nous a fait, mais surtout
parce que ces personnes comprennent qu’aimer quelqu’un, c’est répondre toujours
présent pour lui quelque soit son mode de vie, quelque soit sa sexualité.
Le plus difficile c’est de franchir soi-même le cap et
d’arrêter de se mentir, même si c’est vrai que sortir du placard n’est pas la
chose la plus aisée qu’il soit donné de faire, vu que c’est comparable à se
lancer dans le vide sans avoir de point d’accroche ou quoi que ce soit de
comparable et aussi parce que l’on peut tout perdre l’instant d’après. Mais je
pense que mieux vaut vivre au soleil que de rester tapit dans l’ombre comme de
la vermine ou quelque chose comme ça.
C’est vrai, vous me direz que c’est facile de le dire ici et
comme ça et vous vous demanderez si je l’ai déjà annoncé à qui que ce soit.
Vous n’aurez pas tort, mais je me suis résolu à franchir ce cap et le dire à
l’une des premières personnes pour qui je donnerais ma vie à cet instant si
elle me le demandait : ma mère, la femme qui m’a appris tout ce que je
sais à ce jour et pour qui je n’ai de cesse de m’améliorer dans tout ce que je
fais pour la rendre toujours et encore plus fière de moi.
Aujourd’hui, les potes savent pratiquement tout de ma vie,
de mon Amour et de ma préférence pour les hommes, mais eux seuls ne constituent
pas toute ma famille. Et je sais que ma mère a toujours préféré la vérité au
mensonge, mais cela n’empêche que j’appréhende sérieusement le moment où je le
lui dirai.
J’ai décidé de le lui dire quand je la verrai dans les jours
qui suivent (je n’ai vraiment pas envie de le faire par téléphone) et je pense
que pour dire quelque chose d’aussi délicat il vaut mieux le faire de vive
voix. J’espère seulement que ma mère m’aimera aussi fort et intensément
qu’avant ce Coming Out (mon Dieu ! que cette expression me terrifie), mais
je me dois de vivre à la lumière, non dans l’obscurité parce que je ne fais
rien de mal. Je ne suis pas une sorte de criminel ou de démon qui se verra
damné en enfer pour l’éternité, je suis juste un homme ; un homme qui a
découvert l’amour, et dont cet amour dérange certaines personnes, alors que
l’Amour ne devrait pas déranger qui que ce soit car c’est la plus belle chose
qui soit et qui puisse intervenir dans nos vies à tous.
Je
suis Gay et Fier de l’être.
